J'ai eu l'occasion très récemment d'assister à une conférence à Amboise animée par Eric Labayle, docteur en histoire et écrivain. Le thème abordé était la Femme pendant la Grande Guerre et j'ai été très intéressée par cette initiative de l'Association "Souvenir Français - Canton d'Amboise,

Nous sommes en 2018 et cette année nous fêterons le 100ème anniversaire de la fin de la Grande Guerre 1914-1918

C'est pour ces 2 raisons que je ne résiste pas au plaisir de vous faire partager le contenu de cet exposé.

Je me permettrai d'y rajouter quelques apartés et photos tirées de mon histoire familiale.

Bonne lecture !

Les Pré-requis ou la Femme avant 1914

Quelle était la situation de la femme avant 1914 ?

Le rôle des femme était bien défini et précis, figé, surtout dans la société bourgeoise, et ce depuis la fin du XVIIIème siècle.

C'est une société patriarcale où l'homme est chef de famille et où la femme a un rôle mineur.

( l'infériorité féminine a d'ailleurs perduré pendant longtemps puisqu'on ne reconnaîtra une âme aux femmes qu'en 1920 ! )

L'homme assure tous les travaux nécessitant la force physique, le courage. C'est à lui que reviennent les travaux des champs, de force ou la guerre ... Il se réserve les travaux extra-domestiques et c'est lui qui gagne de l'argent

La femme doit gérer le cercle de la famille, elle s'occupe de la maison, des enfants, de l'hygiène, de l'alimentation. Son implication est domestique.

La femme n'a pas le droit de détenir un compte en banque, n'a pas le droit de travailler sans l'autorisation de son mari, sauf si celui-ci ne gagne pas assez ou bien sûr si elle est veuve.Elles sont alors employées dans les fermes, dans l'agriculture, l'industrie, la confection, elles seront tenancières de débit de boissons, penne-sardines en bretagne, etc ....

 

la famille au XIXème siècle - origine familiale

la famille au XIXème siècle - origine familiale

On le voit sur cette photo, l'homme est debout, la femme assise et donc dépendante de l'autorité de son mari.

Les femmes prennent conscience de leur inégalité.

Les prémices se font d'abord en politique, surtout en Angleterre et aux USA, où émergent des voix de femmes riches qui revendiquent l'égalité de leurs droits, ce sont les suffragettes.

La guerre

Il me semble important de rappeler une petite chronologie des événements.

 

28 Juin 1914- L'archiduc François Ferdinand héritier du trône austro-hongrois et son épouse sont assassinés par un Serbe à Sarajevo

5 Juillet 1914- l'Allemagne apporte son soutien à l'Autriche-Hongrie 

23 Juillet 1914- Ultimatum de l'Autriche-Hongrie à la Serbie

25 Juillet 1914- la Russie assure la Serbie de son soutien

28 Juillet 1914- l'Autriche-Hongrie déclare la guerre à la Serbie

30 Juillet 1914- mobilisation générale en Russie

31 Juillet- assassinat de Jean Jaurès à Paris

1er Août 1914- mobilisation générale en Allemagne et déclaration de guerre de l'Allemagne à la Russie. En France on affiche au son du tocsin la mobilisation générale

2 Août 1914- mobilisation générale en France à midi

3 Août 1914- déclaration de guerre de l'Allemagne à la France

4 Août 1914- déclaration de guerre du Royaume Uni à l'Allemagne

6 Août 1914- l'Autriche-Hongrie déclare la guerre à la Russie et la Serbie à l'Allemagne

11 et 13 Août- la France et le Royaume Uni déclarent la guerre à l'Autriche-Hongrie

 

C'est ainsi que, suite à l'assassinat de Sarajevo, après les échecs de conciliations et en fonction des alliances Autriche-Hongrie,Allemagne et Italie d'une part et de la Triple Alliance France, Royaume-Uni et Russie d'autre part, le conflit devient la première guerre mondiale.

 

 

1914-1918 : les Femmes et la Grande Guerre

les femmes et la mobilisation générale en France

le 1er Août sont placardées dans toute la France les affiches de mobilisation générale et le 2 Août 1914 à midi est effective la mobilisation générale en France. Le 3 Août la France entre en guerre contre l'Allemagne.

Les hommes font leur devoir. Ils partent portés par l'idée qu'ils se font de l'héroïsme et de leur virilité. "On est des hommes, pas des mauviettes "

Les femmes, elles, pleurent. Elles pleurent à cause de la séparation mais aussi, et surtout, car elles ont compris que la guerre signifie l'absence du mari ou du fils, elles ont compris que la guerre apporte son lot de violence, viols ..., elles ont aussi compris que guerre signifie morts. Elles se montrent courageuses et prêtes à relever les défis.

 

affiche du 1er Aout 1914- mobilisation générale et 6 Août-Appel aux femmes
affiche du 1er Aout 1914- mobilisation générale et 6 Août-Appel aux femmes

affiche du 1er Aout 1914- mobilisation générale et 6 Août-Appel aux femmes

mobilisation et départ des soldats- 2 Août 1914

mobilisation et départ des soldats- 2 Août 1914

1er défi à relever pour les femmes : l'agriculture

En 1914, 80% de la France est rurale.

Les hommes sont majoritairement des paysans et il faut les remplacer au pied levé. De plus on est au mois d'Août et les moissons et vendanges se profilent. Il ne faut pas perdre de temps car si le travail n'est pas fait, l'argent ne rentre plus.

Les femmes vont s'y mettre courageusement, elles vont prendre conseils auprès des anciens, assurer le travail des champs, vendre des animaux, leur production de légumes, beurre, fromages....

Elles vont accomplir les actions des hommes avec obstination et témérité jusqu'à quelques kilomètres des lignes de front comme sur la photo suivante prise à Dombasle sur Argonne, à l'est du bassin parisien, où ces femmes travaillent à 15 kilomètres des lignes.

femmes dans les champs à Dombasle sur Argonne

femmes dans les champs à Dombasle sur Argonne

Toutes les femmes sont solidaires et s'aident mutuellement pour les travaux les plus lourds.

 

source Gallica.BNF.fr

 

Les chevaux ont en partie été réquisitionnés et il n'est pas rare de voir des femmes tirer elles-même les charrues et ce jusqu'à l'épuisement

source http://www.voyageurs-du-temps.fr

 

( une personne assistant à cet exposé a amené une carte postale représentant des femmes aux champs en Auvergne, je vous la propose à mon tour )

 

2éme engagement des femmes : les infirmières

Au delà du monde agricole, les femmes des villes veulent elles-aussi s'engager, être utiles.

Cependant pour être infirmière, il faut savoir lire et écrire, être éduquée, avoir un degré d'étude. C'est pourquoi cet engagement ne concerne que la petite et la grande bourgeoisie. Elles vont bénéficier d'une formation accélérée.

Elles s'engagent donc dans le service de santé.

Elles ne vont pas au front mais vont prêter main forte dans les hôpitaux comme par exemple  à Tours ou Amboise

 

 

source http://femmes1914-1918.blogspot.fr/
source http://femmes1914-1918.blogspot.fr/

source http://femmes1914-1918.blogspot.fr/

Elles sont volontaires et bénévoles.

Leurs actions sont déterminantes, elles sont pleines de bonne volonté mais dépassées par le nombre de blessés.

Par exemple, à Tours, des trains entiers de blessés arrivent. Elles relèvent le défi et en oublient leur temps de repos. Elles sont fatiguées mais elles sont là

Ce sont les anges blancs.

 

Elles sont confrontées aussi à la nature des blessures.

 

Avant, les balles étaient en plomb et s'écrasaient lors de l'impact causant ainsi moins de dégâts.

 

Mais en 1914, les armes sont "modernes", ce sont des grenades, des obus ...

les blessures sont affreuses : arrachements de membres, gueules cassées nécessitant une prise en charge technique et psychologique.

1914-1918 : les Femmes et la Grande Guerre

Elles dispensent des calmants, assistent les chirurgiens, refont les pansements ...

source Gallica.BNF.fr

source Gallica.BNF.fr

Elles sont confrontées à la douleur physique et morale

une gueule cassée

une gueule cassée

Petit apparté personnel.

Mon arrière grand-père a fait la guerre de 14 et a été "gueule cassée". Il est resté 1 an hospitalisé et "réparé". Il s'en est à peu près bien sorti avec des crises d'épilepsie post-traumatiques, une abolition du goût et de l'odorat, une mâchoire droite déformée et bloquée et une aile de nez droite manquante.

Je vous le présente des années après .....

Mon arrière Grand-père Maxence Chartier "gueule cassée"

Mon arrière Grand-père Maxence Chartier "gueule cassée"

Mais revenons à nos infirmières.

Malgré la charge de travail, la fatigue et les visions de ces blessures, elles sont à la hauteur et font preuve de beaucoup d'empathie.

Quand une infirmière parle de ses patients qu'elle veille, rassure, réconforte, écoute, elle dit "mes petits blessés"

LA GUERRE N° 43 FEMMES DE FRANCE

 

Les soldats blessés sont traumatisés, nerveusement atteints, mutilés et se sentent abandonnés, seuls. Comme je l'ai dit les infirmières les réconfortent, les écoutent et leur apportent la chaleur humaine dont ils ont tant besoin au-delà des soins.

C'est pourquoi il se crée souvent une relation plus intime voire amoureuse entre eux.

On a même vu des soldats épouser "leur" infirmière.

gourde avec le portrait de l'infirmière bienveillante

gourde avec le portrait de l'infirmière bienveillante

le rapprochement

le rapprochement

3ème défi des femmes : l'industrie

La guerre devait être courte "on sera rentré pour les vendanges" , elle va en réalité durer 4 ans

La pénurie industrielle va s'installer et à l'hiver 14 on se demande comment augmenter l'activité de ces industries de guerre car il n'y a plus de personnel pour en assurer la productivité.

Il faut tout d'abord savoir qu'on a créé un statut d'ouvriers spécialisés. Tous ces ouvriers ont reçu une formation particulière avant la guerre et occupaient des postes stratégiques avant leur mobilisation.

Or ces ouvriers spécialisés vont être rapatriés du front pour reprendre leur place dans les usines et relancer les productions. 

Pour le reste, la main d'oeuvre, on fait appel aux femmes

Ce sont "les munitionnettes" qui travaillent majoritairement dans les usines d'armement

 

les "munitionnettes" source http://femmes1914-1918.blogspot.fr/

les "munitionnettes" source http://femmes1914-1918.blogspot.fr/

Mais les femmes ne vont pas que dans les usines de munitions, elles sont partout où on a besoin de bras.

D'autre part elles ont besoin d'argent pour leur foyer même si l'inégalité salariale est présente car en effet ces femmes sont moins payées que les hommes qui assuraient le même emploi avant la guerre

Elles sont par exemple dans les usines d'entoilage des avions

entoileuses d'ailes d'avion au travail

entoileuses d'ailes d'avion au travail

La prise de contact avec l'industrie est très dur pour ces femmes. Le travail est pénible, répétitif, les cadences sont rudes, le rythme infernal.

Répondant à l'appel du 6 Août 14, elles sont présentes malgré tout. On les voit dans les usines de conserves car il faut absolument alimenter les hommes du front et là la cadence est terrible.

source http://www.ac-toulouse.fr
source http://www.ac-toulouse.fr

source http://www.ac-toulouse.fr

D'autre part le travail est physique, les machines ne sont pas ergonomiques ...

1914-1918 : les Femmes et la Grande Guerre

L'industrie automobile a aussi besoin de main d'oeuvre car il faut un nombre croissant de véhicules pour amener les renforts et l'approvisionnement au front et ramener les troupes fatiguées et les blessés.

Je vous propose des tableaux recensant l'emploi des femmes aux usines Renault entre 1914 et 1918

évolution du nombre d'employés, hommes et femmes confondus chez Renault

évolution du nombre d'employés, hommes et femmes confondus chez Renault

proportion hommes femmes et évolution du nombre des femmes employées chez Renault de 1914 à 1918
proportion hommes femmes et évolution du nombre des femmes employées chez Renault de 1914 à 1918

proportion hommes femmes et évolution du nombre des femmes employées chez Renault de 1914 à 1918

Elles sont aussi dans les usines textiles car il est nécessaire de fournir des uniformes aux soldats

1914-1918 : les Femmes et la Grande Guerre

Mais ce sont avant tout des femmes et elles ont toutes un mari ou un fils au front et elles y pensent en travaillant.

Beaucoup sont employées dans l'usine Japy à Paris qui après avoir fabriqué des jouets se tourne vers la production de casques pour l'armée.

Le rendement est très important et pourtant ces femmes trouvent le temps de placer un petit message dans la doublure du casque, petit message de soutien comme par exemple "On pense à vous" ou encore "espère que ce casque vous sauvera la vie"

source Gallica.BNF.fr

source Gallica.BNF.fr

Il y a beaucoup d'accidents du travail par défaut de sécurité et beaucoup de ce qu'on appellerait aujourd'hui des maladies professionnelles.

Près de Poitiers 86 femmes sont mortes après l'explosion d'une grenade

à Paris, rue de Tolbiac, le 20 Octobre 1915, une usine de grenades explose et fait 48 morts, il ne reste rien de l'usine.

source http://www.france24.com
source http://www.france24.com

source http://www.france24.com

à Bourges, une usine d'explosif produit des obus à base de "mélinite", c'est une poudre jaune très volatile.

Les femmes employées majoritairement dans cette usine en ressortent recouvertes de cette mélinite, produit éminemment chimique, toxique et cancérigène. Malheureusement il n'y a pas de statistique sur les effets secondaires et maladies déclenchées ultérieurement à cette exposition.

obus à la mélinite

obus à la mélinite

4ème implication des femmes : le secteur tertiaire, les services

Il n'y a pas que dans les usines que l'on a besoin de bras, il faut remplacer aussi les emplois du quotidien.

Les femmes prendront là aussi la place des hommes. Avec les conseils des anciens elles seront boulangers, bouchers, cordonniers ....

 

Le seul domaine où il n'y aura pas de remplacement par les femmes ce sera l'Eglise. En effet les curés mobilisés ne seront pas remplacés.

Les écoles étaient elles aussi touchées par la mobilisation. L'enseignement était dispensé par des maîtres avant guerre.

Les plus nombreux a avoir été mobilisés ont été les agriculteurs, on l'a vu, mais viennent tout de suite après les enseignants.

Les femmes prennent la relève et assurent l'enseignement. Elles resteront en poste après la guerre

1914-1918 : les Femmes et la Grande Guerre

Il faut aussi assurer les livraisons et les transports. Les femmes vont conduire les taxis, les autobus, les ambulances.

1er cliché : conductrices d'autobus à Bordeaux  source Gallica.BNF.fr - 2ème cliché source https://www.femmes-interieur.fr - 3ème cliché source http://www.ecpad.fr
1er cliché : conductrices d'autobus à Bordeaux  source Gallica.BNF.fr - 2ème cliché source https://www.femmes-interieur.fr - 3ème cliché source http://www.ecpad.fr
1er cliché : conductrices d'autobus à Bordeaux  source Gallica.BNF.fr - 2ème cliché source https://www.femmes-interieur.fr - 3ème cliché source http://www.ecpad.fr

1er cliché : conductrices d'autobus à Bordeaux source Gallica.BNF.fr - 2ème cliché source https://www.femmes-interieur.fr - 3ème cliché source http://www.ecpad.fr

Les femmes assurent les métiers de clercs de notaires, comptables mais aussi des métiers beaucoup plus fatiguant tels que livreuses ou livreuses de charbon. Imaginez des sacs de charbon de 50kg à monter au 5ème étage sans ascenseur ! Imaginez des tonneaux à charger sur des charrettes et à décharger !

livreuses de charbon et livreuses de tonneaux à Bordeaux - source Gallica.BNF.fr
livreuses de charbon et livreuses de tonneaux à Bordeaux - source Gallica.BNF.fr

livreuses de charbon et livreuses de tonneaux à Bordeaux - source Gallica.BNF.fr

Elles assurent aussi les tâches en lien avec les services publics, pour la poste elles sont facteurs, pour les chemins de fer elles sont aiguilleuses ...

femmes facteur et femmes travaillant aux chemins de fer - source Gallica.BNF.fr
femmes facteur et femmes travaillant aux chemins de fer - source Gallica.BNF.fr
femmes facteur et femmes travaillant aux chemins de fer - source Gallica.BNF.fr

femmes facteur et femmes travaillant aux chemins de fer - source Gallica.BNF.fr

Mais il faut assurer aussi la sécurité, alors qu'à cela ne tienne, elles sont pompiers et comme on l'a vu il n'y a plus de chevaux, elles tirent elles-même les véhicules à incendie

femmes pompiers - source Gallica.BNF.fr

femmes pompiers - source Gallica.BNF.fr

5ème implication des femmes : les oeuvres

Dans la bourgeoisie, nombre de femmes sachant exécuter des travaux d'aiguilles créent des associations de soutien aux soldats et produisent des ouvrages de tricot pour le front. C'est le tricot national

source https://www.la-croix.com

source https://www.la-croix.com

Elles s'activent aussi pour la confection de colis qu'elles envoient aussi au front mais aussi à leur proche.

Je vous partage une carte envoyée par mon arrière grand'mère à mon arrière grand-père près de Verdun

origine familiale
origine familiale

origine familiale

Les femmes assurent aussi la tenue de foyers de soldats. Le foyer le plus important se trouvait gare de l'Est à Paris.

On y distribue des boissons et c'est la dernière halte avant les tranchées.

Plus près de chez nous, il y avait un foyer de soldats à Chateauroux où les soldats se retrouvaient entre camarades de fortune

foyer de Chateauroux- source indre1418.canalblog

foyer de Chateauroux- source indre1418.canalblog

Il y a aussi création des Marraines de guerre.

Les zones françaises sont envahies et les soldats du front se retrouvent isolés, le moral baisse, l'investissement belliqueux diminue, le suicide rôde .....

On trouve donc des correspondantes pour les soldats en partant du principe que si les soldats sont isolés, sans nouvelles, ou même orphelins, ils se battront mieux si ils se battent pour quelqu'un.

Les officiers signalent les soldats ayant ces profils et en fonction de leur état psychologique, on leur trouve une Marraine de guerre avec qui ils échangent une correspondance.

Cette aide psychologique est appréciable et beaucoup de femmes répondent à ce besoin.

Cependant on a tendance à croire que les Marraines de guerre dureront tout le temps de la guerre, et bien ceci est faux !

Les actions des Marraines de guerre prennent fin en 1916, en effet le système s'enraille et prend fin suite à des accusations de prostitution déguisée, certaines femmes monnayant leur rencontre lors des permissions de ces soldats.

 

" je vous embrasse quelque part sur le front "- dessin Julien Pavil

" je vous embrasse quelque part sur le front "- dessin Julien Pavil

type d'annonces d'officiers cherchant des "marraines de guerre" et peut-être plus si affinités

type d'annonces d'officiers cherchant des "marraines de guerre" et peut-être plus si affinités

6ème défi des femmes : survivre

Les populations belges quittent les zones envahies par les Allemands, c'est l'exode.

Les femmes sont sur les routes vers la France, tirant, poussant des chariots où s'entasse leur maigre nécessaire et leurs enfants. Elles marchent au courage pour survivre.

 

 

 

 

1914-1918 : les Femmes et la Grande Guerre

En France, les femmes aussi doivent survivre, assurer les charges et donc résister.

On peut noter l'exemple d’Émilienne Moreau.

Les allemands occupent la ville de Loos en Gohelle dans le Nord où elle habite avec son père qui décède fin 1914. En septembre 1915 les Anglais lancent une offensive pour reprendre la ville.

Émilienne va à la rencontre des Britanniques, leur donne des informations sur les positions allemandes, ce qui permet de les prendre à revers.

Elle installe un poste médical dans sa maison et participe même au combat en tuant 4 soldats allemands.

Elle a 17 ans !

 

 

Émilienne Moreau - 17 ans

Émilienne Moreau - 17 ans

Les femmes refusent la fatalité et l'abattement au péril de leur vie.

Cependant il faut trouver de l'alimentation au quotidien.

Le pain a été rationné en Novembre 1915 et elles n'hésitent pas à faire tous les jours la queue devant les boutiques pour un malheureux quignon de pain.

La France n'est pas la seule a être rationnée, en Allemagne aussi on a des restrictions et les femmes, elles aussi, doivent survivre comme le montre la photo suivante qui est allemande

file d'approvisionnement en Allemagne

file d'approvisionnement en Allemagne

Pourtant la frivolité ne perd pas ses droits

Le cinéma est essentiellement américain avec Charlie Chaplin, mais en France Musidora, de son vrai nom Jeanne Roques, tourne des drames historiques, des comédies burlesques, des bandes patriotiques, des scènes sentimentales avec des réalisateurs-maison qui partent les uns après les autres au front.

Elle tourne avec Louis Feuillade, rendu à la vie civile, 2 feuilletons qui lui apportent la gloire ce sont "les Vampires" et "Judex" où elle a des rôles de femme fatale

portraits de Mussidora
portraits de Mussidora

portraits de Mussidora

Dans la mode aussi, la frivolité est de mise. Paul Poiret continue à faire ses robes pour les grandes bourgeoises et les femmes d'industriels qui s'enrichissent.

L'élégance et la mode de 1917 séduisent ces riches femmes mais leur frivolité subit les railleries des médias.

tableau d'Henri Gervex

tableau d'Henri Gervex

raillerie journalistique : les deux panneaux aux extrémités sont à suivre et les deux du centre à proscrire

raillerie journalistique : les deux panneaux aux extrémités sont à suivre et les deux du centre à proscrire

Conclusion : ce qui a changé pour les femmes après la guerre

En premier lieu les femmes arrivent en nombre dans le monde du travail salarié, c'est un événement fondamental dans l'histoire des femmes.

Ensuite de par leur travail les canons de la beauté féminine ont changé.

En 1914, pour correspondre aux canons de la beauté féminine il fallait avoir les cheveux longs, relevés en chignons et porter chapeau. Il fallait avoir une taille de guêpe et donc se soumettre au port du corset, les robes arrivaient aux chevilles et on portait les bottines que l'on fermait à l'aide du fameux crochet.

source https://chroniknet.de et http://www.hello-beaute.fr
source https://chroniknet.de et http://www.hello-beaute.fr
source https://chroniknet.de et http://www.hello-beaute.fr

source https://chroniknet.de et http://www.hello-beaute.fr

Je vous propose aussi 2 cartes postales plus régionales, ce sont des vues animées de Blois avant guerre avec ses élégantes

1914-1918 : les Femmes et la Grande Guerre
1914-1918 : les Femmes et la Grande Guerre

En 1918, du fait de leur travail, la mode des femmes évolue.

Les cheveux longs sont dangereux car peuvent se prendre dans les machines, la saleté s'y loge, les chignons sont trop chronophages à faire quand on travaille de bonne heure et durs à maintenir pour un travail 12 à 13 heures par jour.

Les femmes adoptent les cheveux courts

La femme a besoin d'être plus libre de ses mouvements, fini les corsets, elle abandonne les robes amples aussi et porte dorénavant des robes droites et plus courtes pour des raisons de sécurité car les robes longues peuvent aussi se prendre dans les machines et ramasser toute la saleté du sol.

Les bottines fastidieuses à fermer sont remplacées par des escarpins plus pratiques et plus légers.

Les femmes vont respirer et les grandes bourgeoises, adoptant cette mode, vont se mettre à faire du sport.

1914-1918 : les Femmes et la Grande Guerre
1914-1918 : les Femmes et la Grande Guerre
1914-1918 : les Femmes et la Grande Guerre
1914-1918 : les Femmes et la Grande Guerre
1914-1918 : les Femmes et la Grande Guerre

A la campagne l'évolution vestimentaire suit la même logique.

Sur les photos suivantes on peut voir une scène animée des Deux Sèvres avec les femmes en robes longues d'avant la guerre devant la ferme et une femme âgée amie de mon arrière grand'mère, juste avant 1914, habitant le village rural de la Foye Monjault près de Niort.

origine familiale
origine familiale

origine familiale

Voici un exemple d'évolution du vêtement rural avant et après la guerre

1914-1918 : les Femmes et la Grande Guerre
1914-1918 : les Femmes et la Grande Guerre

Il faut se mettre à la place des hommes partis à la guerre pour 4 ans, imaginant leur femme telle qu'ils l'ont laissée et ceux qui reviennent de cet enfer, la tête encore pleine des images de l'être aimé avec ses cheveux longs, sa taille fine etc ... retrouvent une femme transformée, autonome, volontaire ... une garçonne !

1914-1918 : les Femmes et la Grande Guerre

C'est le début de la réflexion sur le corps de la femme.

"je fais ce que je veux, MOI, de mon corps"

Les femmes affichent leur nudité sans complexe

1914-1918 : les Femmes et la Grande Guerre
1914-1918 : les Femmes et la Grande Guerre

Avant 1914, la mode était à la peau blanche, les femmes se poudraient pour avoir une peau laiteuse

En 1918, du fait du travail, les femmes ont abandonné la poudre et s'autorise le bronzage.

La nouvelle femme revendique sa place et revendique sa place dans l'économie. Elles continuent à gérer les entreprises, les écoles ... Cette évolution est limitée car elles ont toujours besoin de la procuration du mari pour avoir accès au compte bancaire.

Les évolutions ne sont pas partagées par toutes les femmes car la VRAIE femme d'après guerre c'est la veuve.

Les veuves ne se remarieront pas car il y a un manque d'hommes, certaines abandonneront même leurs enfants dans des orphelinats pour se remarier plus facilement.

Les Veuves sont 600 000 en France, elles obtiennent 800 francs annuels de pension et 500 francs de plus par enfant mineur dès 1916 mais la reconnaissance de leur état est long car beaucoup de corps sont méconnaissables et si la mort au front n'est pas constatée et certifiée la disparition n'est pas reconnue.

Les femmes portent le deuil. Deuil du mari, deuil d'un fils, elles sont en noir.

1914-1918 : les Femmes et la Grande Guerre
1914-1918 : les Femmes et la Grande Guerre

L'évolution de la femme, on le voit est tempérée par le deuil.

Pourtant après guerre on sent les prémices de l'émancipation féminine. Elles demandent le droit de vote !

1914-1918 : les Femmes et la Grande Guerre

Ce droit de vote, elles ne l'obtiendront qu'en 1944 et uniquement en remerciement de leur engagement dans la résistance !

Il est difficile de parler d'émancipation car, par exemple, dans le milieu agricole les hommes reprennent leur place et cela ne va pas sans heurt en effet les femmes ont goûté à l'indépendance.

Le seul avantage réel obtenu est l'uniformisation des études supérieures pour les filles et les garçons jusqu'au baccalauréat.

Mais malgré tout l'émancipation a germé et ne fera que croître et s'affirmer dans les décénnies qui suivront. 

 

Voilà, je pense vous avoir fait un compte rendu fidèle de la conférence de monsieur Eric Labayle que je remercie et qui a intéressé beaucoup de participants comme on peut le voir

 

assemblée salle Molière à Amboise le 27 Janvier 2018

assemblée salle Molière à Amboise le 27 Janvier 2018

Pour conclure j'ajouterai que cet exposé traitait des femmes en France et plus particulièrement en région avec, comme je l'ai signalé au début, quelques ajouts personnels mais il est bien évident que ce modèle est applicable à toutes les femmes des pays en guerre en 1914, qu'elles soient Allemandes, Belges, Anglaises ....

 

 

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