L'un des éléments essentiels du patrimoine tourangeau est la Soie, qui, depuis la création de la première "fabrique" à Tours en 1470 a largement contribué au rayonnement de cette province en France et dans le monde entier.


Histoire de la Soie

 

 

 

La découverte de la soie et du tissage se perd dans la nuit des temps. Les premiers essais de sériciculture et de tissage datent de 1800 avant Jésus Christ en Chine. L'épouse de l'empereur Jaune prend le thé sous un mûrier. Une petite boule blanche tombe dans sa tasse ; l'impératrice en tire un long fil souple et brillant : la Soie.
La soie constitue le premier élément d'échange entre la Chine et ses voisins. Son commerce permet le maintien de la paix et par trocs successifs, la soie devient très recherchée jusqu'au 1er siècle avant Jésus Christ.


au VIème siècle, deux moines rapportent à Byzance des oeufs de Bombyx du mûrier

 

 

au VIIIème siècle les Maures introduisent de riches étoffes en Espagne où s'implantent bientôt d'importantes manufactures comme à Valence, Tolède, Grenade ou Séville

Les Croisades du IXè au XIIè siècle sont le point de départ d'une très importante importation

Du XIIIè au XVè siècle, de grandes villes italiennes comme Venise ou Florence s'érigent
en centres indépendants

Au XVème siècle, Lyon devient un important centre de commerce de soieries italiennes

 

 

 

en 1470, Louis XI qui a fait de la Touraine sa terre d'élection, implante à Tours cette manufacture que Lyon a refusé. Grâce à l'habileté de 16 anciens lyonnais cette nouvelle industrie prospère rapidement.

Croissance et apogée : elle correspond à la première moitié du XVIème siècle. François Ier  fait connaître son apogée à la soierie tourangelle, la Cour a un très grand goût des riches étoffes.

au milieu du XVIème siècle, 400 à 500 ateliers de "soyeux" sont en activité et 40 000 personnes vivent de la soie à T ours.

la fin du règne de François Ier et les guerres de religion vont marquer le début d'un premier déclin de l'industrie tourangelle.

en 1536, François Ier créée la première manufacture de Soie à Lyon. Tours n'a donc plus le monopole de cette industrie et Lyon lui impose rapidement une rude concurrence. La Cour s'éloigne de la Touraine.

puis les guerres de Religion dévastent le pays.

sous Henri IV, en 1589, la soie connaît une nouvelle période faste avec la plantation de nombreux mûriers près de Tours et en particulier place Plumereau en face de l'actuel café le Vieux Mûrier !

avec Louis XIV la Cour étant à Versailles, nouveau déclin pour Tours.

du XVIIIème au XXème siècle, l'industrie de la Soie connaît des périodes successives de prospérité (sous Louis XV, elle devient "manufacture Royale de velours et de Damas  façon Gênes) et de déclin (sous l'empire, Napoléon Ier préfère confier ses commandes à Lyon).

L'utilisation de la mécanique Jacquard va cependant redonner à Tours un certain prestige.

Malgré tout cela Tours finit par céder à Lyon sa place de capitale de la soie.


Actuellement, 2 manufactures de soierie d'ameublement sont encore en activité à Tours, les tissages Jean Roze et la manufacture des Trois-Tours G. Le Manach.

Histoire du ver à Soie

Le Bombyx du mûrier est un papillon blanc nocturne. La femelle après fécondation pond environ 500 oeufs en été qui éclosent au printemps suivant pour devenir larves. De couleur noire, le ver mesure 2mm. Pendant les 4 premières semaines, la larve se nourrit nuit et jour de feuilles fraîches de mûriers ce qui entraîne une croissance prodigieuse : sa longueur est multipliée par 30 et son poids par 10 000.



Au bout d'un mois, après 4 mues, la chenille atteint l'âge adulte.
Lorsque le ver est prêt à donner sa soie, il perd l'appétit et commence la fabrication du cocon qui dure environ 3 jours toujours en tournant sur lui-même, décrivant un parcours en forme de "8". Il bave 800 à 1500 m d'un fil de soie continu ( le seul fourni par la nature) constitué de 2 brins accolés, secrétés par les 2 glandes sericigènes. Ce fil peut supporter un poids de 45 kg.
Le ver à soie subit alors une métamorphose pendant 15 à 20 jours, ils sont alors étouffés à la chaleur ce qui évite la sortie des papillons, ce qui briserait le fil de soie.
L'élévage des des cocons se fait dans les magnaneries, à Rochecorbon, Athée sur Cher ... et ce, jusqu'au XIXème siècle.


Pour dévider les fils de soie, la fileuse remue et agite les cocons dans l'eau bouillante. Les fils sont conduits au dévidoir qu'actionne le tourneur.

Après avoir été nettoyés et séparés avec du savon et de l'eau bouillante, les fils sont teints.





Le transfusage remet en bon ordre les fils emmêlés lors de l'opération de teinture.



Les fils sont enroulés sur des bobines, des tubes ou des cônes. C'est le dévidage. Ces bobines servent à la préparation de la chaîne
.



L'ourdissage consiste à former la chaîne d'un tissu (fils verticaux)en lui donnant sa longueur et sa largeur définitive. Ce travail s'effectue par portée de 80 fils.



Le canetage est la mise en canette qui est placée à l'intérieur des navettes serviront à réaliser la trame (fils horizontaux)


La façon dont s'entrecroisent les fils de chaîne et de trame s'appelle l'armure.

Les métiers à tisser

Le premier métier à tisser, le métier de Plain, permettait la fabrication de tissus unis uniquement.


Puis apparut le métier à la Tire, muni d'un système complexe de cordes, permettant de lever les fils de chaîne pour permettre le passage de la navette.


La mécanique Jacquard
, au XVIIIème siècle, remplace le système dit à la Tire. Il réunit 2 inventions : un système d'aiguilles et de crochets pour lever les fils de chaîne et l'utilisation de cartes perforées pour sélectionner les fils de chaîne à lever.



Le métier Jacquard

Avant de tisser, il faut définir l'armure de fond et concevoir le dessin.
Le dessinateur prépare l'esquisse aux dimensions exactes de celles que doit avoir le motif du tissu. Puis on peint sur un papier quadrillé cette esquisse, chaque rangée verticale représentant un fil de chaîne et chaque rangée horizontale, un fil de trame.
On reporte les couleurs exactes : c'est la mise en carte.

Le lisage consiste à fabriquer les jeux de cartons qui seront mis sur le métier

Le piquage est la fabrication des cartons perforés représentant le dessin, un carton correspond à coup de trame.


Chaque carton étant indépendant, une opération supplémentaire est nécessaire, l'enlaçage. Les cartons sont ainsi placés les uns à la suite des autres dans l'ordre du dessin à réaliser à l'aide de lacettes.



Le métier peut alors fonctionner et faire résonner son cliquetis, en voici un exemple. Cliquez sur le lien suivant, mettez le son, fermez les yeux et imaginez-vous dans un atelier au XVIIIème siècle avec 20 métiers comme celui-ci .....

 

A partir de ces métiers, la maison Le Manach à Tours compte une centaine de références de soiries suivies en stock et celle des imprimés en compte environ deux cents.

On y trouve des Damas, tissus dont le décor présente un aspect mat se détachant sur un fond brillant, des Brocatelles, tissus des tentures murales de la Renaissance,caractérisés par des effets de décor  en satin se détachant sur un fond de sergé.

damas-brocatelle

Mais aussi des Gros de Tours, armures dérivées du taffetas, des Brochés, des Lampas, soieries façonnées fond de satin à grands dessins et des Brocarts, soieries façonnées la plus riche comportant des fils d'or et d'argent.


 

 
soierie 4


Lieu plein de charme, patrimoine incontournable de l'histoire tourangelle, manifestons notre soutien à Olivier Biosse Duplan, arrière petit fils du fondateur de la manufacture G. Le Manach pour son projet de musée des arts et techniques de la Soie à Tours.

 

 

 

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