Paul Marie Verlaine , surnommé « le Prince des Poètes », est un poète français, né à Metz le 30 Mars 1844 et mort à Paris le 8 Janvier 1896 

 

 

 

Paul Verlaine est avant tout le poète des clairs-obscurs. L'emploi de rythmes impairs, d'assonances, de paysages en demi-teintes le confirment, rapprochant même, par exemple, l'univers des Romances sans paroles des plus belles réussites impressionnistes . C'est lui qui a lancé la notion de « poètes maudits ».


Voici mes poèmes préférés de Paul Verlaine .

D'abord Mon rêve familier qui est l'occasion pour Verlaine d'évoquer la dure condition de poète meurtri par son hyper sensibilité et de parler de lui même. Verlaine s'est caché derrière la femme qui lui apparaît dans son " rêve familier " pour nous concentrer sur son sort et nous faire connaître son drame intérieur . Ici Le poète tient à ce que le lecteur soit logé à la même enseigne que lui, qu'il devienne son complice sur la piste de " l'inconnue ". Mais le poète propose des repères qui n'en sont pas, et il convient pour conduire l'enquête de s'investir dans le rêve qu'il donne à partager. Verlaine nous berce avec un rythme lancinant et répétitif pour mieux nous endormir.


Mon rêve familier

Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
D'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aime
Et qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même
Ni tout à fait une autre, et m'aime et me comprend.

Car elle me comprend, et mon coeur, transparent
Pour elle seule, hélas ! cesse d'être un problème
Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême,
Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.

Est-elle brune, blonde ou rousse ? - Je l'ignore.
Son nom ? Je me souviens qu'il est doux et sonore
Comme ceux des aimés que la Vie exila.

Son regard est pareil au regard des statues,
Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a
L'inflexion des voix chères qui se sont tues.

 

Puis, poème touchant, pathétique, écoutez la chanson bien douce traduit le nouvel idéal chrétien du poète après son internement. Sa chanson nous émeut, son repentir parait sincère. Toutefois nul n'est assez naïf, ni même lui-même, pour croire que sa nouvelle morale qu'il qualifie de claire en fin de poème durera bien longtemps . Espoir et tristesse, candeur et habileté, appel pathétique et confidence murmurée, tels sont les succès de l'intimité Verlainienne. C'est par les inflexions de la voix que Verlaine argumente. La voix qui chante l'amour et qui fut chère à Mathilde sanglote désormais ou plutôt frissonne, palpite. Elle s'est obscurcie, voilée mais garde des tonalités de grandeur. Si on reconnaît cette voix, elle parle de bonheur dans la simplicité, dans la bonté.
 






Ecoutez la chanson bien douce

Ecoutez la chanson bien douce
Qui ne pleure que pour vous plaire,
Elle est discrète, elle est légère :
Un frisson d'eau sur de la mousse !

La voix vous fut connue (et chère ?)
Mais à présent elle est voilée
Comme une veuve désolée,
Pourtant comme elle encore fière,

Et dans les longs plis de son voile,
Qui palpite aux brises d'automne.
Cache et montre au coeur qui s'étonne
La vérité comme une étoile.

Elle dit, la voix reconnue,
Que la bonté c'est notre vie,
Que de la haine et de l'envie
Rien ne reste, la mort venue.

Elle parle aussi de la gloire
D'être simple sans plus attendre,
Et de noces d'or et du tendre
Bonheur d'une paix sans victoire.

Accueillez la voix qui persiste
Dans son naïf épithalame.
Allez, rien n'est meilleur à l'âme
Que de faire une âme moins triste !


Elle est en peine et de passage,
L'âme qui souffre sans colère,
Et comme sa morale est claire !...
Ecoutez la chanson bien sage.






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