la médecine et la santé au Moyen-âge

 

Après un rapide survol de l'histoire de la médecine des origines au Moyen-âge, je vous propose, avant d'aborder les remèdes et leurs utilisations, un aperçu de la santé médiévale.

 

Il y a, on le sait depuis toujours, une relation étroite entre hygiène et santé.

L'hygiène se définit comme un ensemble de pratiques tendant à préserver et améliorer la santé.

L'hygiène est donc le fait de se laver, de vivre et de manger sainement.

 

Au Moyen-âge, l'hygiène est bien différente selon que l'on vit en ville ou à la campagne et que l'on soit riche ou pauvre;

 

Comment se lave-t-on au Moyen-âge ?

 

Contrairement aux idées reçues, on se lave fréquemment pour être propre mais aussi par plaisirL'eau est considérée comme purificatrice et bienfaisante.

C'est un héritage de la civilisation romaine : on connaît donc les latrines (W.C) et les bains.

 

Les riches prennent des bains chauds. Le prix en est élevé car il faut du bois pour faire chauffer l'eau, un baquet de bonne grandeur, une toile avec laquelle on double les parois du baquet, du savon mou et visqueux, à l'odeur désagréable, fait de graisse de mouton, des herbes, des fleurs et des huiles pour en améliorer l'odeur.

Le baquet sert à plusieurs bains, toute la famille s'y succède dans la même eau, mais en changeant la toile qui gardait ainsi la crasse et les poils du précédent, et cela une fois par semaine au moins.

Aldébrandin, médecin italien du XIIème siècle auteur d'un traité d'hygiène en français intitulé "le régime du corps", nous dit que seule l'eau chaude peut "expulser l'ordure que la nature cache par pertuis de la chair".

Le bain est aussi un temps de plaisir, on y mange parfois des collations.

La nudité n'est nullement choquante et si parfois le baquet est recouvert d'un dais c'est surtout pour se protéger du froid et des courants d'air.

 

 

L'enluminure représente Liziart épiant Euriant dans son bain.Le Maître de Wavrin, enlumineur, Lille, vers 1450-1460.

L'enluminure représente Liziart épiant Euriant dans son bain.Le Maître de Wavrin, enlumineur, Lille, vers 1450-1460.

1490 1500 -le bain de tristan- miniature extraite de tristan- chevalier de la table ronde

1490 1500 -le bain de tristan- miniature extraite de tristan- chevalier de la table ronde

sortie du bain- de Valère Maxime-" Faits et dits mémorables" 1455

sortie du bain- de Valère Maxime-" Faits et dits mémorables" 1455

 

Pour le peuple vivant dans les villes, il n'est pas question de bains particuliers, on va aux bains publics.

Ceux-ci sont l'héritage des Thermes romains remis au goût du jour grâce aux Croisades. En effet la rencontre avec les bains orientaux ont redonné le goût du "bain-plaisir" et de la relaxation aux Croisés qui les ont remis à la mode en France.

Chaque quartier peut possèder ses bains publics appelés "étuves", ils sont ouverts tous les jours sauf les dimanches et jours de fêtes. A Paris, en 1292, il y a 27 étuves inscrites sur le Livre de Taille. 

Dès la levée du jour, un crieur passe dans les rues pour annoncer l'ouverture des bains :

"Seigneurs, venez vous baigner et étuver sans plus attendre... Les bains sont chauds, c'est sans mentir "

 

Les étuviers sont constitués en corps de métier et le prix des étuves est fixé par le Prévôt. En 1258, Estienne Boileau, prévôt de Paris sous Saint Louis, codifie dans son "Livre des métiers" les usages corporatifs des étuviers :

"les maîtres qui seront gardes du dit métier, pourront visiter et décharger les tuyaux et les conduits des étuves, et regarder si elles sont nettes, bonnes et suffisantes, pour les périls et les abreuvoirs où les eaux vont".

 

Le prévôt Estienne Boilleau distingue aussi les étuves sèches et les étuves humides : pour les premières on chauffe le local clos par l'extérieur en y envoyant un air chaud, pour les secondes on envoie dans le même lieu clos de la vapeur d'eau.

On va aux étuves pour se laver mais aussi pour se relaxer, on y mange, on y joue aux cartes, on peut même y rencontrer des prostituées.

Au XVème siècle, on commence à pratiquer la séparation des sexes, certain jours pour les femmes et d'autres pour les hommes en effet dans le code des métiers, il est dit: 

"Que nul du dit mestier ne soutienge en leurs maisons ou leurs étuves, bordiaus (bordel) de jour et de nuit".

 

Enfin il est interdit d'y faire entrer des malades, surtout des lépreux. Par exemple en 1450, les étuves seront fermées à cause de la peste pour en éviter la propagation.

 

Cependant les étuves ont, elles aussi, un coût. Pour un bain de vapeur on paye 2 fois le prix d'un gros pain, pour un bain chaud : 4 fois et pour s'étuver et se baigner : 8 fois.

Les plus pauvres ne peuvent évidemment pas se payer ce luxe.

les étuves -Valère Maxime-" Faits et dits mémorables" 1455

les étuves -Valère Maxime-" Faits et dits mémorables" 1455

Les moins fortunés des villes et de la campagne doivent se contenter de se laver dans un seau d'eau froide ou chaude ou de se baigner dans les rivières et fontaines.

Aldébrandin recommande le bain chaud mais précise que "si l'eau est froide, il ne faut pas y rester longtemps, juste le temps nécessaire pour nettoyer et renforcer la chaleur du corps ."

Moyen-âge, la médecine et la santé (2) : l'hygiène et la vie

 

En dehors des bains, on se lave par parties visibles, non couvertes par des vêtements. On se lave les mains, le visage et les cheveux bien que sur les miniatures qui nous parle du Moyen-âge, on ne voit que des femmes prendre soin de leur chevelure.

On l'a vu les riches ont le savon mais les plus pauvres et les paysans ne peuvent se l'offrir, ils utilisent alors une plante : la saponaire qui mousse lorsqu'on frotte son suc sous l'eau.

ms 888, fol.43v

ms 888, fol.43v

Les femmes riches prennent soin de leur chevelure en les lavant avec de l'eau de rose mélangée à de l'eau de myrthe. On y ajoute du Ladanum qui est une matière résineuse, aromatique tirée du Ciste, plante à fleurs roses, pour prévenir la chute des cheveux.

Les femmes de la campagne se lavent les cheveux à l'eau pure additionnée de saponaire.

Toutes les femmes  utilisent le jus de Bette pour son action antipelliculaire et les décoctions de feuilles de chêne ou de noyer pour embellir leur chevelure.

Sainte Suzanne se lavant les cheveux

Sainte Suzanne se lavant les cheveux

Pour les hommes, les cheveux sont coupés courts et la toilette à la main sur le visage et les cheveux suffit. Cependant, il y a un acte incontournable au Moyen-âge : l'épouillage.

L'épouillage consiste à éliminer "la vermine", c'est un acte qui peut être tendre comme l'épouillage entre amoureux mais aussi des parents pour les enfants et inversement, des serviteurs pour leurs maîtres. 

Moyen-âge, la médecine et la santé (2) : l'hygiène et la vie

Pour compléter la toilette, on prend soin de ses dents qui sont un gage de bonne santé. Depuis l'antiquité on évalue l'état physique d'un sujet ou d'un cheval à sa dentition.

 

Pour avoir une bonne haleine, on fait des bains de bouche à l'eau où a macéré du clou de girofle, importé depuis le VIème siècle, pour ses propriétés antiseptiques et analgésique.

Le clou de girofle étant cher, les moins fortuné utilise la menthe, la gentiane ou le thym.

Les paysans, quant à eux, mâchonnent des graines de fenouil ou de Cardamome.

 

Chez les riches, on utilise de la poudre d'os de seiche pour frotter sur sa dentition et la rendre blanche. Chez les paysans on utilise la feuille de prêle pour son action abrasive ou de la cendre et on ruse en mastiquant des racines de noyer : ça colore la gencive en brun et les dents paraissent plus blanches !!!

Certains nobles ont des trousses de toilette ou fourgeoires où on trouve une escurette pour les oreilles, une furgette pour les ongles, un cure-dent ou fusequoi et une esguillette ou cordon de soie qui équivaut à notre fil dentaire.

Moyen-âge, la médecine et la santé (2) : l'hygiène et la vie

Mais même lavé, le corps a des odeurs. Au XIIIème siècle on préconise, pour éviter les puanteurs, de s'arracher les poils des aisselles et de se laver avec du vin plus de l'eau de rose. On utilise aussi la pierre d'alun comme anti-transpirant.

On se sert pour s'épiler de pince à épiler, de cire rapportée des Croisades ou d'une préparation à base de chaux, dangereuse pour la peau, que l'on doit laisser le temps de la récitation d'un ou 2 Pater Noster.

Au delà de la nécessité de limiter les parasites, les poils ne sont pas sans rappeler les bêtes, le loup surtout qui était craint, ou le "malin" souvent représenté comme une bête velue.

C'est pourquoi, contrairement aux idées reçues, on s'épile le corps aussi bien chez les femmes que chez les hommes ... et toutes les parties du corps, même les parties intimes comme nous le montre beaucoup de représentations miniatures ou enluminées. 

Je vous en présente un exemple, tiré des Riches Heures du Duc de Berry en Février, regardez les 2 personnages du fond en train de se sécher à la cheminée ... pas de poils sur les pubis ni pour la femme ni pour l'homme !

 

 

les Riches Heures du Duc de Berry - Février

les Riches Heures du Duc de Berry - Février

 

En ce qui concerne les enfants, de nombreux traités comme ceux de Barthélémy l'Anglais, Vincent de Beauvais ou Aldebrandin de Sienne, prônent la propreté infantile.

Le bébé est lavé après son sommeil, trois fois par jour, dans un bain. Ce bain est donné dans un cuvier ovale ou rond le plus souvent en bois. Il en existe en métal précieux chez les nobles :

Ainsi, dans les Chroniques de Froissart, en 1382, il est écrit que, en pillant le mobilier du comte de Flandres, on trouva une "cuvelette où on l'avait d'enfance baigné, qui était d'or et d'argent"
 

Les cuviers pour enfants ont parfois un dais pour les protéger des courants d'air ou bien on dispose le cuvier près de la cheminée, l'eau doit être tiède et l'enfant est rapidement enveloppé dans un drap sitôt le bain fini.

Fresque de Menabuoi, Padoue

Fresque de Menabuoi, Padoue

A la fin du XVème siècle, les mentalités vont changer, peut-être que cela correspond aussi à l'arrivée de la Peste, toujours est-il que l'eau qui était considérée comme bienfaisante est petit à petit considérée comme responsable des épidémies et des maladies. Ceci n'a rien d'étonnant car Il faut dire que les immondices, détritus, charognes y étaient déversés.

Désormais on se méfie de l'eau et on ne se baigne que très modérément et cela va perdurer jusqu'au XIXème siècle !!!

 

Comment vit-on au Moyen-âge ?

 

Le lieu de vie a son importance dans la santé et il est bien différent de vivre à la campagne, dans les villes ou comme un châtelain.

 

La majorité du peuple vit à la campagne au Moyen-âge, environ 90% de la population.

 

A la campagne

On vit dans des fermes la plupart du temps composées d'une seule pièce qui sert de chambre, salle à manger, cuisine ... Les animaux sont dans une pièce attenante, la paille et le foin dans un grenier, assurant ainsi l'isolation.

 

Les murs sont en torchis, le toit de chaume,le sol en terre battue et comme les vitres n'existent pas, les fenêtres ne sont que de petites ouvertures laissant entrer peu de lumière. Il est donc difficile de vivre sainement.

La pièce principale comprend un lit unique ou paillasse, une table, des bancs, une cheminée qui est un élément essentiel, un ou plusieurs coffres qui servent à ranger les affaires. Des niches dans les murs servent aussi de rangement pour les chandelles par exemple.

Pour isoler les vêtements des parasites, on recommande de les ranger très très serrés dans un coffre, de le fermer en tassant bien et il est dit que si on suit bien ce conseil, les parasites ne pourront pas survivre sans air ni lumière.

Pour se protéger des poux et puces on dispose sur le lit une peau de mouton où les parasites viendront se coincer, et avant de se coucher on met la peau dehors, se débarrassant ainsi des indésirables.

 

Le garde-manger est, lui, en hauteur pour éviter les attaques de rongeurs, les viandes sont conservées séchées dans des tonneaux.

Pour se débarrasser des mouches, un bouquet de fougère est le meilleur moyen naturel : les mouches viennent s'y perdrent et on a plus qu'à le jeter dehors.

 

Les bébés sont dans des berceaux en bois, eux aussi suspendus au dessus du sol pour les protéger aussi des rongeurs.

 

Les ordures sont jetés dans des trous naturels de même que les carcasses d'animaux morts, cette pratique nous renseigne encore aujourd'hui sur les habitudes alimentaires et les ustensiles utilisés au Moyen-âge.

 

Ce type d'habitation correspond à un fermier relativement aisé, il est évident que certains serfs accablés d'impôts ne sont pas aussi bien lotis.

 

 

 

Pieter Bruegel le jeune - paysage de village avec célébration de mariage

Pieter Bruegel le jeune - paysage de village avec célébration de mariage

le Cœur d'amour épris, Vienne, Codex 2597 der Österreichischen Nationalbibliothek-folio 17  Désir gardant le cheval de Coeur , Franc-Vouloir tandis que le Chevalier Coeur pénétre dans la masure de Mélancolie

le Cœur d'amour épris, Vienne, Codex 2597 der Österreichischen Nationalbibliothek-folio 17 Désir gardant le cheval de Coeur , Franc-Vouloir tandis que le Chevalier Coeur pénétre dans la masure de Mélancolie

Pour uriner et évacuer les selles, on va dehors, au bout du jardin ou là où l'envie se fait sentir mais à l'abri des regards.

Pour s'essuyer on utilise les ressources naturelles de la campagne comme les cailloux, les feuilles de marronniers mais surtout les feuilles de la plante nommée Bouillon Blanc, duveteuses et résistantes. Si on a rien à disposition, la tradition orale veut que le paysan ait sa chemise jaunie !!!!

 

Regardez attentivement le dessin suivant ... c'est un camp de l'armée, vous verrez en bas à droite des carcasses d'animaux jetées dans un fossé et derrière la roue du premier chariot devant la tente au faîtage bleu, à l'abri des regards .......... et oui, un homme se soulage !

Hausbuch von Schloss Wolfegg -Fol. 53r–53r1 Heerlager (Wagenburg)

Hausbuch von Schloss Wolfegg -Fol. 53r–53r1 Heerlager (Wagenburg)

Moyen-âge, la médecine et la santé (2) : l'hygiène et la vie

Dans les villes

Les villes sont sales et les conditions de vie n'y sont pas saines.

La ville médiévale s'articule autour d'un édifice religieux, une cathédrale par exemple, ou d'un château, de façon désordonnée et concentrique. Les maisons s'entassent réparties en quartiers délimités par des ruelles étroites.

La ville est ceinte de remparts,rassurants, mais s'étend aussi en extra-muros suivant le même schéma de promiscuité.

Les ruelles sont très étroites, les maisons s'avancent sur la rue avec leur encorbellement augmentant ainsi la surface de l'étage par rapport au rez-de-chaussée. De chaque côté de la ruelle, les toits des maisons se touchent presque, laissant passer un rai de lumière et permettant l'écoulement des eaux de pluie vers une rigole au centre de la ruelle. 

La lumière est bien insuffisante et majore l'insécurité, les ruelles sont sombres et malsaines.

ruelle et encorbellemnt

ruelle et encorbellemnt

Dans les villes, il n'y a pas de fossé pour se débarrasser des détritus, c'est la rue qui fait office de dépotoire. On y jette tout et n'importe quoi : eau sale, ordures ....

Le tout-à-l'égout connu depuis l'antiquité est tombé dans l'oubli. Les rues sont en terre battue avec un caniveau central, l'odeur est pestilentielle.

De nombreux commerces, échoppes sont installés au rez-de-chaussée des habitations, ils sont de toute sorte : drapiers, écrivains publics, teinturiers mais aussi bouchers et volaillers qui tuent et dépècent leurs bêtes à même le trottoir laissant s'écouler le sang et les entrailles dans le caniveau. Les mouches et les rats s'en régalent majorant l'insalubrité.

Pour nettoyer les rues, on laisse aller librement poules et cochons qui sont sensés manger les détritus mais y ajoutent leurs propres excréments.

Les moyens de locomotion sont chevaux et mulets qui eux aussi polluent la rue avec leurs excréments.

Les cimetières font partie de la ville et côtoient les commerces de bouche, les eaux de ruissellement polluant les légumes posés au sol.

Les teinturiers eux sont près des fleuves car ils ont besoin d'eau pour leur ouvrage et y rejettent des produits toxiques provocant une pollution chimique des fleuves

 

Dans les villes l'insalubrité est partout et il faudra attendre Saint Louis pour voir l'arrivée des pavés, puis des gouttières et des égouts comme "les conduits de merderons" à Paris en 1356.

Montbrison

Montbrison

Si la rue des villes est insalubre, l'habitat essaie d'etre sain.

L'habitation se trouve donc au dessus des échoppes et subissent les pollutions sonores et olfactives de celles-ci.

 

l'habitat est composé de petites pièces de rangement et d'une grande pièce de vie servant de chambre, salle de reception et salle de repas.

Le logement a un minimum de confort, le sol est en planche, le plancher qui est aussi le plafond de l'échoppe en dessous et donc laissant passer tous les bruits et les odeurs !

On a une cheminée, un lit, un dressoir, des coffres et des tréteaux pour dresser la table. On a même un évier : c'est une dalle très simple en forme de cuvette avec un orifice permettant l'écoulement des eaux usées vers la ruelle.

 

Les murs sont en torchis avec des colombages en bois, percés de fenêtres toujours assez petites car il n'y a pas de vitres et on les ferme avec des toiles, des parchemins huilés ou des volets de bois.

Le lit est aussi pour toute une famille, on y dort ensemble. Il est constitué d'un matelas d'étoupe, de draps et parfois d'un baldaquin pour isoler des regards et protéger du froid.

 

Moyen-âge, la médecine et la santé (2) : l'hygiène et la vie

Les draps sont lavés, avec les vêtements, dans le cuvier après le bain de la famille : on ne gaspille pas l'eau. Il est recommandé de les essorer souvent, de les étendre et de les sécher au soleil avant de les ranger bien serrés dans un coffre comme on l'a vu.

 

Les puces sont bien sûr présentes dans les villes et on va s'en débarrasser en étalant sur le sol des feuilles d'aulne où les puces iront s'engluer.

 

Les mouches aussi sont omniprésentes, à cause de la puanteur et des détritus, et on a des moyens de les piéger. Les plus aisés dormiront sous un cincenellier, genre de moustiquaire, adapté au baldaquin, pour les autres se sera des pièges fait avec une chausse de toile contenant du miel, ou un fruit, liée au fond d'un pot percé ce qui est l'ancêtre de notre piège à mouche. On peut aussi tremper un cordon dans du miel et l'accrocher au plafond, les mouches viendront s'y coller, c'est l'ancêtre de notre papier tue-mouche.

Les mouches sont tellement omniprésentes, qu'on les intègre même dans les peintures comme par exemple le Maître de Francfort : la voyez-vous sur la coiffe de son épouse ?

 

 

 

Maître de Francfort. Détail du portrait de l'artiste et son épouse.1476. HB. Anvers Musée Ryal des Beaux Arts.
Maître de Francfort. Détail du portrait de l'artiste et son épouse.1476. HB. Anvers Musée Ryal des Beaux Arts.

Maître de Francfort. Détail du portrait de l'artiste et son épouse.1476. HB. Anvers Musée Ryal des Beaux Arts.

Nous savons que les paysans se soulageaient dans leur champ, mais dans les villes la gestion des excréments est un épineux problème. Certains se soulagent derrière des murs à l'abri des regards lorsque l'envie les prend.

La plupart ont des "pot à pisse" qui deviendront des vases de commodités puis nos pots de chambre. Ces pots sont dans les maisons ce qui dispense l'habitant de sortir pour se soulager mais une fois plein, qu'en fait-on ? ... on le vide par la fenêtre dans la rue !!! .... mais il faut prévenir avant : "gare à l'eau, gare, gare !!!"

Moyen-âge, la médecine et la santé (2) : l'hygiène et la vie

Mais l'évolution est en route et on voit, dans les maisons, l'apparition de latrines. Ce sont des endroits retirés, assez rudimentaires, formés d'une dalle de pierre trouée posée sur un socle

Moyen-âge, la médecine et la santé (2) : l'hygiène et la vie

Il n'y a pas de fosse septique et les excréments s'écoulent directement dans la rue ou la rivière

Ces lieux d'aisance sont placés au dernier étage des habitations pour limiter l'invasion des mouches (encore elles !) et pour limiter les nuisances dues au remontées d'odeur, comme le montre cette représentation d'une ville allemande

Moyen-âge, la médecine et la santé (2) : l'hygiène et la vie

dans les châteaux

Nous connaissons mieux ce qui se passe dans les châteaux car ils sont parvenus jusqu'à nous et leurs archives aussi.

 

les chateaux ont de nombreuses grandes pièces, toutes pourvues de grandes cheminées. Pour plus de confort et pour garder de la chaleur, les murs sont recouverts de riches tapisseries.

Les cuisines sont immenses et bien aménagées, cheminées, rotissoires, éviers, rafraîchissoirs, garde-manger avec sol dallé et porte fermée pour se prémunir des rongeurs ...

La chambre est aménagée avec soin, coffres, lit à baldaquin, cuvier pour le bain et grande cheminée. Les matelas sont en étoupe, plus douillet.

Il y a une garde-robe, pièce servant à ranger le linge dans les coffres et à entretenir les vêtements.

 

Les latrines sont dans des endroits retirés, formées elles aussi d'une dalle de pierre percée placée sur un socle, elles sont dans des encorbellements de l'architecture, s'ouvrant sur l'extérieur ou sur les douves. Pourtant là aussi, il n'est pas rare de se soulager derrière un mur, là où l'envie prend !

Pas de cailloux ni des feuilles pour se "torcher", on a retrouvé dans les archives du Duc de Berry la trace de l'achat de "coton et de quatre livres d'étoupe". L'étoupe, partie grossière de la filasse, est tirée du chanvre ou du lin. Chez les riches souverains et riches châtelin on privilègera l'étoupe de lin beaucoup plus douce aux fesses.

 

Très cher, le papier n'apparaîtera qu'au XVème siècle pour cet usage

 

 

Moyen-âge, la médecine et la santé (2) : l'hygiène et la vie

Comme on l'a vu, même si le mot n'existe pas au Moyen-âge, on a une vraie préoccupation d'hygiène pour se garder en santé et loin des maladies.

Les pratiques sont plus ou moins efficaces pour l'environnement que l'on soit à la campagne, à la ville ou au château, mais malgré la pollution, les eaux contaminées et, contrairement aux idées reçues, on essaie au moins de garder une hygiène corporelle correcte pour rester en santé, bien précieux à l'époque.  

 

affaires de toilette médiévales

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